La route des vins en Bourgogne

La vraie bonne idée quand on a décidé de se constituer une cave, c'est de la vider de manière modérée mais régulière. Mais du coup, quand le vide commence à prendre trop de place et que s'installe l'angoisse insupportable de la rupture de stock, on envisage une virée salvatrice dans nos magnifiques vignobles. En l'occurrence, cette année, c'est la région Bourgogne qui a eu les honneurs de notre gourmandise.

Premier point essentiel, afin de ne pas risquer l'oubli de l'un d'entre eux au milieu des tonneaux : ne jamais emmener les enfants pour un week-end de dégustation. Qu'à cet égard, Mamie Claudie soit ici remerciée de sa disponibilité et de son sens du sacrifice.

Deuxième point primordial : se dégoter un point de chute digne de ce nom, situé à un endroit géographiquement stratégique. Pour cet aspect du voyage, nous avons fait confiance à notre feeling. Une recherche sur le site Airbnb nous porte naturellement vers le gîte le Ballon Rouge à Fontaines, un petit village près de Rully.

Bonne pioche.

 

La fine équipe

Excellente pioche même... Idéalement situé sur la route des grands vins de Bourgogne, le logement est à l'image de ses propriétaires : parfait. Accueillants, disponibles et attentionnés Brigitte et Michel ont activement participé à la réussite du séjour, grâce à leur simplicité et leur humanité. Férus de littérature, de musique et d'arts, le lieu s'en trouve totalement imprégné en toute humilité, ce qui permet de picorer de la culture à chaque recoin du logement. Et comme ils n'hésitent pas à partager leurs petits tuyaux concernant les vins du coin, ce séjour finit par présenter des arômes de bonheur qui aboutit sur une longueur en bouche étonnante.
Un lieu de convergence entre nourritures terrestres et spirituelles, que demander de plus ?
 

Pour ne pas contrevenir à la tradition séculaire liée au vin, nous avons décidé de faire le voyage dans le sens de la... descente.

On commence par une cave à Chambolle-Musigny, juste parce que c'est pour moi, ma petite madeleine de Proust. En effet, j'ai été totalement hermétique au vin jusqu'à ce qu'un ami me fasse goûter du Chambolle-Musigny et me fasse comprendre que mon hermétisme n'était pas lié aux vins, mais à leur qualité.

Après une petite discussion légèrement humectée par ce divin breuvage et durant laquelle on nous explique que nous ne sommes pas des buveurs d'étiquette (ce qui nous sied à ravir), on commence à remplir quelques caisses de madeleines, parce qu'il convient de ne jamais oublier Proust.

Le lendemain, nous décidons d'une balade dans les vignes au petit matin. Enfin, quand je dis "au petit matin", je m'entends... c'est le genre de petit matin spécial parents d'enfants en bas âge, qui commence vers midi.

La campagne bourguignonne nous a gratifié d'un soleil inespéré, associé à ses plus belles couleurs d'automne. J'aime ces moments de grâce où l'on rétablit une prise avec la réalité de la terre.

 

Château de Rully

Mais bon... deux heures de marche dans les vignobles de Rully, ça donne soif.

Direction Monthélie, village qui avait également eu mon label "testé et approuvé" lors d'un précédent voyage. Mais cette fois, changement de producteur. Brigitte et Michel (les propriétaires du gite) nous ayant conseillé le domaine Monthélie-Douhairet-Porcheret, nous nous y rendons les yeux fermés et la bouche ouverte. Seulement, le domaine l'était aussi... fermé. Argh !

Qu'à cela ne tienne, la vie étant simple comme un coup de fil, on apprend que les domaines ne sont ouverts que sur rendez-vous...

Premier signe : la cave est fermée, mais sur un simple feeling, Cataldina Lippo, la petite-fille d'André Porcheret nous reçoit avec un sourire que l'on sent gourmand. Pour les connaisseurs, André Porcheret a été régisseur aux hospices de Beaune de 1976 à 1988 puis de 1994 à 1999, et a orienté l'exploitation de ses 6 hectares exclusivement à l'attention des particuliers, souvent fidèles. Cet aspect nous arrange fortement, puisque nous sommes à notre manière, assez particuliers.

Le moment passé dans cette minuscule cave à déguster des merveilles crescendo en qualité restera à jamais gravé dans nos mémoires gustatives. L'étincelle qui vibre dans les yeux d'un viticulteur qui vous parle de sa vigne comme de son sang et qui vous explique que la patience est encore de nos jours une exigence qu'il convient de s'imposer si l'on veut restituer le meilleur de la vigne et du terroir dans lequel elle tire la vie, est un cadeau que l'on prend sans modération, gourmands que nous sommes.

Il se pourrait bien que notre prochaine virée se fasse dans le bordelais... des idées ?

En attendant :