J'ai toujours prétendu qu'il faudrait inventer un permis pour être parent. Non pas pour faire un tri sélectif genre eugénisme a posteriori, mais plutôt pour acquérir certaines aptitudes nécessaires à la survie de nos trolls, et accessoirement la notre.
Prenons l'exemple du silence... Avant d'être parent, la notion de silence est soit inconnue, soit insupportable. Mais quand on le devient, les choses changent, le silence devient rare et précieux. Quel genre de parent peut raisonnablement dire sans mentir "il/elle me manque déjà" juste après avoir couché sa progéniture pour la sieste ?
C'est certes ce que nous pousse à penser notre bonne éducation judéo-chrétienne, mais en vrai, dans la vraie vie, et tout au fond de nous, c'est plutôt "rââââââhhh, enfin !"
Cette découverte, si elle semble logique, n'en cache pas moins quelques pièges qu'il faut savoir éviter, même après 25 années d'expérience. Apprenons donc à distinguer les deux principaux silences de nos enfants.
SILENCE N° 1 dit "de la massue" ou le "silence et dort" :
Il s'agit là, du silence complet, intégral voire cosmique, plus rien ne bouge : la poupounioute a attrapé un bon coup de sommeil...
... et quand je dis un coup de sommeil, je ne plaisante pas ! Equilibre plus que précaire, l'endroit importe peu, seul le moment compte : on dirait pôpa !
SILENCE N° 2 dit de "la tactique du gendarme" ou "bain quoi ?" :
C'est le genre de silence dont on ne rend pas compte tout de suite. On l'apprécie d'abord sans même avoir la moindre idée de son existence. Il rampe et s'insinue lentement en nous et nous emplit d'un subtil bien-être. Et c'est au moment même où on en prend conscience ("tiens, c'est marrant, j'entends les zozios dehors"), que se concrêtise une sourde angoisse qui irradie de notre tête à notre plexus. On ne la comprend pas, mais elle gronde et grandit en nous jusqu'à la conclusion évidente : ça n'est pas normal.
Et là, vous découvrez que votre bébé est assez forte et possède une motricité suffisamment développée pour se hisser toute seule dans la baignoire.. Bon, au moins, vu son air surpris, espérons que Lucie aura compris pourquoi un parent est nécessaire pour prendre son bain !