Après cette petite pause bucolique bienvenue, nous amorçons notre dernière portion de route vers le lac Saint-Jean et Saint-Henri-de-Taillon.
Sur ce trajet, nous croisons une rivière à saumons. Nous décidons donc de visiter la saumoneraie et craquons sur l'insistance de Théo à vouloir pêcher (ça fait un bon moment qu'il le souhaite et l'occasion ne s'était jamais présentée, alors pourquoi pas).
Les responsables de la saumoneraie nous disent qu'ils proposent cette activité, mais uniquement pour adultes (genre pêche à la mouche avec des mouches à faire soi-même et au milieu coule une rivière, toussa). Ils nous indiquent aussi un camping dans les environs, dans lequel il y a des étangs poissonneux dans lesquels Théo pourrait enfin taquiner le goujon.
Nous arrivons donc dans ce fameux camping, et la jeune femme responsable nous prend en charge. Dès ses premières paroles, on sait que ça va déménager. C'est le genre "brut de décoffrage", mais avant le coffrage.
Théo, impatient, s'y colle en premier :
ça ne faisait pas trois secondes qu'il apprenait à nager à son ver, que...
Une belle truite saumonée ! Quelle chance, hein...
Du coup, c'est le tour de Lucie :
Nous sommes les amis des animaux. Donc, on avait repris le même ver : pas la peine d'en effrayer un deuxième.
La Pépette avait à peine trempé la bestiole qu'elle nous sort une autre belle truite saumonée !
Quelle chance, hein ?... Bon, on a bien compris que si on avait tenu un ver à la main (ce qui ne nous arrive qu'avec modération), les truites nous auraient assailli sans vergogne tant elles étaient affamées.
Mais du coup, on se retrouve avec un sérieux problème à gérer : on a encore pas mal de route pour rejoindre notre nouveau gîte et avec des truites mortes dans la voiture, ça le fait pas vraiment !
C'est alors que notre amie "brut de décoffrage" entre en scène. Elle nous suggère de procéder à la préparation des truites, pour peu que nous parvenions à trouver un bloc de glace pour les conserver le temps du voyage (vu qu'il y avait un camping juste à côté, ça n'a pas été difficile). Dont acte.
Voilà notre gracieuse bûcheronne qui sort un gigantesque couteau d'on ne sait où (vous avez remarqué qu'on dit toujours "d'on ne saizou" alors qu'on devrait dire "d'on ne saitou" ?), et qui zigouille les jolies truites devant les yeux des enfants mi-admiratifs, mi-dégoûtés.
Mais notre reine d'Halloween ne s'est pas arrêtée en si bon chemin : elle les ouvre en deux et en sort les boyaux d'un air triomphant en disant : "regardez, les enfants, cette espèce de boule qui gigote : c'est le cœur qui bat encore"... Tout l'intérieur de la bête se trouvant maintenant à l'extérieur, elle le pose sur le bord de la table, avec effectivement le cœur qui palpite encore en un réflexe vain. Puis, elle sort du reste du corps une sorte de petit ballon qui sert de ballast aux truites pour monter ou descendre dans l'eau. Elle le gonfle d'air et sous sa pression, elle l'éclate avec un petit plop un peu ridicule. Notre Dark Vador de la truite nous dit que c'est le truc qui la fait le plus se marrer...
J'étais perdu dans mes pensées philosophiques et schrödingeriennes (techniquement, nous pouvions observer que les poissons étaient vivants ET morts !) quand Cruella d'Enfer nous fait remarquer que "oh, ça y est, de battre leur cœur s'est arrêté."
C'est alors qu'elle nous a fait basculé dans la 5ème dimension en nous annonçant qu'elle va faire un massage cardiaque : avec le plat de son couteau, notre Docteur Yang donne de petits coups secs sur le cœur à la façon d'un batteur de jazz et il s'avère qu'effectivement, il se remet à battre !
Nous quittons le Seattle Grace Hospital un peu estourbis, pour reprendre notre route vers Saint-Henri-de-Taillon et notre nouveau gîte où, fort heureusement, il y avait une jolie cuisine d'été et un grand barbecue...
A suivre...